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Jérémy Monchy- Agriculteur

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On n’hérite pas des terres de ses parents, on les emprunte à ses enfants

L’exploitation de Jérémy Monchy est située dans l’Arrageois à Bois Bernard, village caractéristique du bassin minier composé d’un paysage ouvert à la frange des terrils (au centre d’un triangle Lens-Arras-Douai). 
Il est installé depuis 2012 sur l’exploitation familiale de 66 ha en agriculture conventionnelle. Il s’agit d’un système polyculture-élevage : 35 ha de céréales à paille, 14 ha de betteraves sucrières, 6 ha de maïs, 6 ha de pois de conserve, 5.5 ha de prairies permanentes. Le troupeau est constitué de 17 vaches allaitantes de race Charolaise (élevage de génisses et engraissement des mâles). 

Engagement dans le programme Agrifaune

Je suis engagé dans le programme depuis 2020 mais j’ai toujours mis des couverts d’interculture. 

Je cherche constamment à améliorer mon système, je suis sensible à la biodiversité. Je préfère mettre en place des leviers agronomiques pour limiter l’usage des insecticides sur l’exploitation et donc l’impact sur la biodiversité. Je m’intéresse beaucoup aux carabes. 

Intérêt pour Agrifaune

Je suis agriculteur mais aussi chasseur de petit gibier donc j’ai un double regard. Un couvert a plusieurs enjeux : le « gîte et le couvert » pour le petit gibier et, la protection du sol : il permet de le structurer, de réorganiser les éléments minéraux et d’éviter leur lessivage. J’ai déjà participé à la visite de plateformes de couverts proposant différents mélanges d’interculture labellisés Agrifaune et des démonstrations de destruction. Lorsque la Chambre d’Agriculture m’a contacté j’avais déjà des couverts sur l’exploitation. Je me suis dit pourquoi ne pas allier protection des sols et préservation du gibier. L’idée d’avoir un suivi spécifique sur le plan agronomique et aussi au niveau de la biodiversité fonctionnelle m’intéressait.

Partenariats mis en place et autres projets

La Chambre d’Agriculture Nord-Pas-de-Calais travaille avec la Fédération de Chasse 62 sur les couverts d’interculture depuis 2 ans. J’ai été contacté par la Chambre d’Agriculture pour la mise en place de l’essai et j’ai choisi un mélange fourni par la Fédération de Chasse. 

La Chambre d’Agriculture est impliquée depuis de nombreuses années dans le suivi de couverts d’interculture et elle a également mis en place un programme d’actions sur la biodiversité fonctionnelle comprenant un volet expérimentations pour acquérir des références et un volet sensibilisation des agriculteurs à la biodiversité. La participation au Réseau Agrifaune permet d’intégrer l’aspect cynégétique dans les références et le conseil. 

Actions mises en place 

Interculture

J’ai implanté un couvert d’interculture de 5.5 ha en septembre 2020. Il s’agissait du mélange Agrifaune I-SOL VPM composé de 10% de phacélie, 10% de moutarde et 80% de Vesce de printemps. J’ai ajouté un peu d’avoine car les conditions climatiques étaient très sèches. 
Le déchaumage profond a desséché le sol, et la pluviométrie a été très faible au mois de septembre, le couvert a levé tardivement et s’est développé moyennement. 
Un suivi des arthropodes était réalisé avec des planches à invertébrés et un aspirateur D-Vac (aspirateur thermique à feuilles utilisé pour capturer les insectes présents dans la végétation).
J’allais voir une fois par semaine mes parcelles en jetant un coup d’oeil aux planches. Je suis surpris par les résultats : mes sols ne sont pas morts! Il y avait beaucoup d’araignées dans le couvert alors que le secteur est très sec mais aussi bon nombre d’insectes décomposeurs, notamment des collemboles. 

« On n’hérite pas des terres de ses parents, on les emprunte à ses enfants ». 


Place des actions dans leur environnement

Cette action s’est très bien intégrée dans ma réflexion environnementale.
Mon système est en perpétuelle mutation mais les évolutions se font petit à petit. 
J’ai 800 m de haies que j’entretiens régulièrement pour préserver le gibier. Je détruis les couverts directement à la charrue par enfouissement ce qui permet au gibier de s’enfuir rapidement. Je suis aussi sensible à la préservation de la perdrix grise. Je vais mettre en place prochainement une bande fleurie mellifère dans le cadre des Distance de Sécurité Riverain,


Suivi et développement des actions

Compte-tenu des résultats de l’essai, je pense réimplanter un couvert à base d’avoine, moutarde et phacélie en mettant moins de vesce car même si elle a bien levé, son coût reste prohibitif. L’avoine est intéressante car le petit gibier vient facilement nicher dedans. 
S’il fallait poursuivre le suivi pourquoi pas et je suis prêt à échanger avec d’autres agriculteurs sur leurs expériences en matière d’intercultures. 

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